Liliom
Coup de cœur visuel et musical pour la scénographie de Jean Bellorini, sur un texte du hongrois Ferenc Molnár que je découvre ici… Une fête foraine tout en contraste, entre joies et mélancolie, entre illusions et désespoir de perdre au jeu. Une fable sombre sur le devenir adulte, relevée par les trouvailles facétieuses de jeu, de texte et de mise en scène.
Liliom (ou la vie et la mort d’un vaurien)
De Ferenc Molnár (1909)
Mise en scène de Jean Bellorini
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Aux Ateliers Berthier/Théâtre de l’Odéon, Paris
Du 28 mai au 28 juin 2015 (reprise)
Par la Compagnie Air de Lune

Liliom par Jean Bellorini © Pascal Victor
Communion éphémère
De quoi parle Liliom ? Quels sont ses échos avec le monde actuel ? Liliom raconte l’histoire d’un bonimenteur de foire, d’un voyou à la gueule d’ange qui règne sur ce royaume d’illusions ; il tombe amoureux d’une petite bonne, Julie. Leur histoire naissante ouvre un champ de liberté et d’espoir, le changement devient possible. Mais le cercle se referme : le chômage, les magouilles, la misère et les coups font leur apparition. Au milieu de cette résignation sourde et de ce désespoir, un avenir pointe son nez. L’enfant s’annonce et Liliom se reprend à rêver. Il projette un départ en Amérique pour sa future famille. Mais pour financer ce voyage, il lui faut commettre un acte qui l’entraînera vers la chute… La pièce est énigmatique. C’est une fable. Il y a alternance de réalisme et d’onirisme. Liliom est un personnage qui tourne en rond, il est de ceux qui restent sur le bas-côté de la route. Il est incapable d’être l’auteur de sa propre vie. Incapable de devenir adulte. La richesse du texte réside souvent dans les silences, dans ce que les personnages n’arrivent pas à exprimer. Nous sommes tous pétris de contradictions et parfois, par instants, nous sommes en accord avec nous-mêmes. Les personnages de Liliom sont dans cette lutte : être en quête de ces rares moments de sérénité.
Extrait d’entretien avec Jean Bellorini. Propos recueillis par Marion Canelas, septembre 2014.