31 octobre 2015 Danse

« AVAILABLE LIGHT » : Lucinda Childs plus brillante que jamais

Quelle émotion de découvrir « AVAILABLE LIGHT » de Lucinda Childs, après « Dance » l’année dernière… En 1983, la chorégraphe américaine réunissait le compositeur John Adams et l’architecte Frank Gehry pour un nouveau spectacle commandé par le Museum of Contemporary Art de Los Angeles. Une collaboration historique au résultat scénique fascinant.

AVAILABLE LIGHT
Chorégraphie de Lucinda Childs (1983)
Musique de John Adams
Scénographie de Frank Gehry

Au Théâtre de la Ville, Paris
Du 30 octobre au 7 novembre 2015

Lignes verticales et horizontales, un plateau un peu plus près du ciel. 
Avec l’idée de deux niveaux sur la scène – idée moderne à l’époque : le plateau habituel et un étage accessible par des escaliers aux extrémités, l’espace scénique est soudain cassé, architecturé, sans réduire la place réservée à la danse, bien au contraire. La verticalité du deuxième niveau donne de la hauteur au spectacle, tandis que la longueur des planches développe l’espace à satiété : le dédoublement des danseurs les uns au-dessus des autres accroît les effets hypnotisants de perspective et de miroirs.

Available Light © AFP / Jacques Demarthon

Available Light © AFP / Jacques Demarthon

Une danse géométrique : entre divisions et associations.
AVAILABLE LIGHT s’inscrit dans la lignée de Dance, qui était la superposition de la scène et d’un film, avec l’idée d’associer et de dédoubler les danseurs d’une manière différente, sans la vidéo cette fois, mais par un autre moyen, celui de la scénographie. Il y a onze danseurs au total dans AVAILABLE LIGHT, trois maximum en haut et huit en bas. Leurs mouvements se font écho, avec l’idée de jeux d’association et de modes de partenariats qui évoluent au fil de la pièce : duos, trios, augmentés par les trois couleurs : blanc, rouge et noir des costumes. Les règles du jeu chorégraphique s’articulent autour des notions de contrepoint et de séparation : les danseurs ne se touchent jamais, mais ils sont intimement connectés dans chacun de leurs gestes. On pourrait parler de dialogue abstrait, réglé précisément sur la musique, comme si les danseurs figuraient une succession de notes, accordées sur une gamme.

Available Light © Lawrence K. HO / Los Angeles Times

Available Light © Lawrence K. HO / Los Angeles Times

Des corps comme des particules de lumière.
La force de Lucinda Childs est de rendre magique ses chorégraphies minimalistes ; abstraites, avec un registre de gestes répétitifs, elles captivent pourtant et dégagent irrésistiblement de l’émotion. C’est finalement la complexité des combinaisons et des associations qui dépassent et humanisent la simplicité apparente de la structure chorégraphique. Le travail très particulier de la lumière dans le spectacle fabrique un espace unique, imite la lumière même : c’est comme si une source naturelle poudroyait les danseurs, dont la légèreté des gestes, la grâce travaillée, les rapprochent de l’image des particules visibles à travers les rayons de soleil. Un spectacle hypnotisant.

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