Isis & Osiris
Après l’assassinat de son frère Osiris, Isis retrouva Horus. Mais à l’origine d’Isis & Osiris de Jacques Lenot, est le poème éponyme de Robert Musil, écrit en 1923… Par-delà la légende, le compositeur semble avoir réagi au parfum égyptien qui flotte sur le texte de Musil.
Composition de Jacques Lenot
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Lundi 13 janvier
Ircam, Paris
Création 2014
Avec l’Ensemble Multilatérale, réalisation informatique musicale Ircam : Serge Lemouton
Frère et sœur
Figures de la gémellité, de la dévoration, voire de l’anthropophagie amoureuse, effort surhumain et violent pour surmonter la dualité ? Isis et Osiris, la création de Jacques Lenot, se partage entre une symphonie d’instruments à vent qui représente la Terre, et l’électronique, le Ciel.
Adaptation musicale
Le poème de Robert Musil est adapté en installation sonore pour septuor à vent (flûte alto, hautbois d’amour, cor de basset, basson, cor en fa, trompette en ut, trombone ténor) et environnement électronique.
Spatialisation sonore

WFS © Philippe Migeat
Le tout nouveau dispositif de spatialisation sonore multicanal de l’Espace de projection de l’Ircam combine deux systèmes de pointe en matière de reproduction du champ sonore, la WFS et Ambisonics, permettant d’expérimenter le véritable son 3D. Les musiciens, qui entourent le public, jouent sous un dôme où sont « suspendus » quatre orchestres virtuels, minutieusement distribués dans l’espace. De ce ciel, un poudroiement sonore.
Le concert sera disponible en écoute binaurale dès fin janvier, sur le site : http://www.nouvoson.radiofrance.fr
Isis et Osiris (1923)
Sur les feuilles des astres le garçon dormait
– Lune d’argent tranquille –
Et le moyeu de la roue du soleil
Tout en tournant le contemplait.
Du désert soufflait le vent rouge,
Et nulles voiles aux rivages.Or, de l’endormi la soeur, doucement,
Détacha le sexe, le mangea.
Et lui donna son doux coeur en échange,
Son rouge coeur, et le lui accrocha.
Alors la blessure en rêve guérit,
Et elle mangea le sexe chéri.Vois : le soleil éclata en tonnerre
Quand le dormeur, de crainte, s’éveilla,
Des astres oscillèrent, tels des mâts
De bateaux rangés à l’ancrage
Quand se déchaîne le grand vent d’orage.Vois : aussitôt ses frères s’élancèrent
Aux trousses du gracieux voleur,
L’arc à son épaule il jeta
Et l’espace bleu s’effondra
Comme sur leurs pas la forêt,
Et les astres aussi, anxieux, couraient.
Mais si loin qu’il courût, nul ne rattrapa
La délicate aux épaules d’oiseau.Seul le garçon qu’elle hélait les nuits
La trouve quand soleil et lune se relaient,
Seul entre ses cent frères, lui,
Et il mange son coeur, et le sien, elle.Robert Musil
Traduction : Philippe Jaccottet