Meursault, contre-enquête
Le premier roman du journaliste algérien Kamel Daoud propose une lecture en contrepoint de L’Étranger d’Albert Camus : le narrateur n’est plus Meursault, l’occidental, mais le frère de la victime, « l’Arabe ». Cette réécriture sous forme de périlleux exercice littéraire joue vertigineusement des doubles et des faux-semblants pour évoquer la question de l’identité. En appliquant cette réflexion à l’Algérie contemporaine, Kamel Daoud, connu pour ses articles polémiques, choisit cette fois la littérature pour traduire la complexité des héritages qui conditionnent le présent.
Roman de Kamel Daoud
Paru en France en mai 2014 aux Éditions Actes Sud

Couverture de « Meursault, contre-enquête » de Kamel Daoud, Ed. Actes Sud © Louiza Ammi
Il est le frère de « l’Arabe » tué par un certain Meursault dont le crime est relaté dans un célèbre roman du XXe siècle. Soixante-dix ans après les faits, Haroun, qui depuis l’enfance a vécu dans l’ombre et le souvenir de l’absent, ne se résigne pas à laisser celui-ci dans l’anonymat : il redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage trop ensoleillée. Haroun est maintenant un vieil homme tourmenté par la frustration. Soir après soir, dans un bar d’Oran, il rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d’un dieu, son désarroi face à un pays qui l’a déçu. Étranger parmi les siens, il voudrait mourir enfin…
En sélection officielle du Prix Goncourt 2014, l’ouvrage a remporté le Choix de l’Orient et le Choix roumain, ainsi que le Prix des Cinq Continents de la francophonie 2014 et le Prix François Mauriac 2014.