Dark Shadows
En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas et commencer de nouvelles affaires en Amérique.
Un film de Tim Burton
À l’affiche en France le 9 mai 2012
Avec Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, Eva Green, Alice Cooper…

Dark Shadows
Vingt années passent et Barnabas est l’héritier de la ville de Collinsport, devenue un port stratégique dans le Maine. Riche et puissant, il commet la grave erreur de briser le cœur d’Angelique Bouchard. Condamné à voir mourir les siens, il est lui-même enterré vivant pour l’éternité sous la forme d’un vampire et libéré par erreur en 1972…
Après moult transformations et péripéties : Edward aux mains d’argent (1990), Ed Wood (1994), Sleepy Hollow (1999), Les Noces funèbres (2005), Charlie et la Chocolaterie (2005), Sweeney Todd (2007), Alice au pays des merveilles (2010), Tim Burton donne la vie éternelle à Johnny Depp en surfant sur la tendance de la vampirisation. Cette dernière trouvaille a essuyé les critiques de nombreux media qui ont crié au plagiat, dénoncé la faiblesse du scénario et le manque d’inspiration grandissant du réalisateur américain.
Malgré mon aversion pour les films de vampire – une peur sourde dont je n’ai jamais réussi à vaincre les frissons – et ces critiques préventives, me voilà propulsée dans le nouvel univers burtonien. Cependant et à mon grand plaisir, mes craintes, une par une, se trouvent effacées. Le personnage de Barnabas est avant tout plutôt honorable, puisqu’il ne fait que déplorer sa malédiction et réclame à corps et à cris sa libération ; le traitement caustique de ses maux – soif de sang, crainte de la lumière et repos dans son cercueil – et de son décalage de mode de vie, entre XVIIIe et XXe siècles, détournent le film de genre de manière très réussie. Barnabas prend par exemple le « M » d’une enseigne de McDonald’s pour une apparition de Méphistophélès, s’étonne de la matière des routes à base de goudron et de la tenue vestimentaire de certaines femmes qu’il confond avec des prostituées… L’oscillation entre hommage au genre et parodie n’apparaît donc pas comme une hésitation de la part du réalisateur, mais bel et bien comme la signature malicieuse du maître du fantastique, qui dose savamment chaque lieu commun avec quelques pincées d’humour et d’émotion, pour mieux s’approprier le genre et en proposer une nouvelle version. C’est, de plus, un sans-faute du côté du rythme, de la playlist très seventies – on retrouve des grands classiques rock de l’époque comme Nights in white satin de The Moody Blues – et du jeu des acteurs ; un coup de cœur pour la scène de bal, accessoirisée d’une énorme boule à facettes et avec au programme un concert privé d’Alice Cooper…
Entre farces et traumatismes de l’enfance, action horrifique et comédie fantastique, langage du XVIIIe siècle et nostalgie des années soixante-dix, Tim Burton, éternel enfant, nous livre ici un conte qui se joue du temps et des genres, secouant l’imagination qui sommeille en chacun de nous.