23 janvier 2014 Théâtre

Les Aveugles

Avec l’évoquante création musicale et sonore d’Alain Mahé, Daniel Jeanneteau invente une mise en scène très sensible du poème visionnaire de Maeterlinck. Une réflexion métaphysique sur l’errance, l’incertitude et la fragilité qui concernent la condition humaine.

Texte de Maurice Maeterlinck
Mise en scène de Daniel Jeanneteau

Au Studio-Théâtre de Vitry
Du 23 janvier au 3 février
Création 2014

Perdus

Les Aveugles © Daniel Jeanneteau

Les Aveugles © Daniel Jeanneteau

Douze aveugles en pleine nature attendent le retour d’un prêtre qui les a guidés jusque-là. Mais ce prêtre est mort parmi eux. Le dénouement est donné d’emblée au spectateur voyant, à l’insu des protagonistes aveugles : ils sont perdus, ils ne le savent pas encore.

Le dispositif

Une porte s’ouvre et le spectateur est invité à entrer, accueilli par un brouillard épais ; il avance à tâtons dans une pièce où il distingue à peine ses voisins, jusqu’à trouver des chaises en désordre, sans direction privilégiée. Le dispositif mêle le public et les acteurs sur ces sièges. Enveloppés dans la brume, sans costumes, ni décor, ni lumières, la perte des repères opère…

Perte de repères et portée philosophique

Daniel Jeanneteau met en scène Les Aveugles, de Maeterlinck © Michel Jacquelin

Daniel Jeanneteau met en scène Les Aveugles, de Maeterlinck © Michel Jacquelin

Perdus dans la forêt, les aveugles attendent leur guide, qui doit les ramener à l’hospice. Seule la voix permet d’établir le contact entre les uns et les autres, pour s’assurer qu’ils sont bien tous ensemble. Sans cet homme, ils sont confrontés à la difficulté de leur condition de non-voyants. Le moindre bruit, la moindre touche musicale évoquent la forêt qui les entoure, les éléments naturels et vivants qu’ils ne peuvent voir, et accentuent l’anxiété qui monte au sein du groupe, alors qu’ils découvrent le corps froid de l’homme mort.

Interprété par des amateurs et des comédiens professionnels, le spectacle est en soi une expérience sensorielle unique. Plongé dans l’opacité, percevant seulement les voix inquiètes des errants, le spectateur ne peut que ressentir l’angoisse du temps suspendu par une interrogation qui demeure sans réponse. L’absence de certitudes de ces aveugles rappelle en fait la fragilité de toute destinée humaine. Sensation pourtant fugitive qui nous effleure et s’évanouit subrepticement, comme le frémissement d’aile d’une chauve-souris qui nous aurait frôlé au passage…


Du 8 au 16 février au CENTQUATRE, Paris
Les 14 et 15 mars à la Scène-Watteau, Nogent-sur-Marne
Les 11 et 12 avril au Théâtre Jean-Vilar, Vitry-sur-Seine

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