« Hyacinthe et Rose », les tendres fleurs de François Morel
À travers le portrait qu’il dresse du couple formé par ses grands-parents Hyacinthe et Rose, François Morel rend un hommage poétique, drôle et émouvant à tous nos aïeux. Son complice musical et de scène Antoine Sahler l’accompagne à la perfection, au piano, au cor ou au tuba.
Hyacinthe et Rose
Texte de François Morel
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Au Théâtre de l’Atelier, Paris
Du 8 septembre au 11 décembre 2015
On sort de ce spectacle très émus, on a envie de serrer François Morel dans les bras, et de lui dire merci tout bas. Car ce conteur a réveillé en chacun de nous les souvenirs d’enfance en nous confiant les siens, avec malice et douceur ; car l’auteur-comédien compose une ode destinée à tous les grands-parents, avec humour et surtout bienveillance.

François Morel © Manuelle Toussaint / Starface
« Chaque fleur a un souvenir d’enfance ».
Chez François Morel, les souvenirs d’enfance ont le parfum des fleurs. Ses grands-parents, « Hyacinthe le coco » et « Rose la catho », mariés depuis quarante-cinq ans, n’ont plus rien en commun sauf une descendance nombreuse et surtout, l’amour des fleurs. Nous voilà immergés dans le jardin des deux propriétaires, à la campagne, là où le petit François Morel vient passer ses vacances, loin de l’air vicié de la ville. Ces deux jardiniers de cœur ne se contentent pas de porter des noms de fleurs : ils vivent à travers elles, et la métaphore filée court tout le long du texte. Le langage des fleurs vient nourrir les leçons données au petit-fils : celles qui rythment les saisons, celles qu’on peut cuisiner, mais aussi celles qu’on offre par amour… On comprend que François Morel est élevé ainsi à chaque période de vacances, jusqu’à ses vingt ans ; en ouvrant le livre de sa jeunesse, il nous dévoile une partie intime de sa vie, expliquant comment il est devenu ce qu’il est maintenant.

Antoine Sahler © Manuelle Toussaint / Starface
Une ode aux grands-parents.
Le potager des grands-parents de François Morel, un ciel bleu aux nuages vagabonds, le parfum des fleurs, nous rappellent sans conteste nos propres souvenirs d’enfance, nos vacances passées à être couvés par nos propres ascendants. Le comédien-conteur a le don de nous émouvoir en captant la naïveté de ses personnages, en sachant les rendre touchants et susciter l’empathie. De ces moments uniques partagés entre grands-parents et petits-enfants, il ne garde que les bons : l’enseignement, le dévouement, l’accompagnement des aïeux à l’égard des plus jeunes générations. Cette parenthèse enchantée de tendresse et de drôlerie ravive les saveurs de l’enfance et nous console de la fureur du reste du monde.

Visuel du spectacle à l’affiche au Théâtre de l’Atelier
Philosophie « morelienne ».
Acceptant de partager ses souvenirs de jeunesse, François Morel nous devient soudain plus proche ; cette atmosphère intime qui traverse le spectacle donne de l’humanité à son texte, une philosophie s’en dégage soudain. François Morel nous rappelle de ne pas oublier d’où l’on vient, qui nous a élevé et qui nous a aimé ; que la vie c’est comme les fleurs, fragile et éphémère. Et cette petite musique toute simple, qui aide à relativiser, à lâcher prise, à garder en tête ce qui est le plus important, nous fait plus que du bien.