Wheeldon, McGregor, Bausch : l’Opéra de Paris danse pour Boulez
Ne manquez pas cette très belle soirée à l’Opéra de Paris en hommage au fondateur de l’Ircam, Pierre Boulez. Réunissant aux côtés du compositeur français deux autres créateurs majeurs du XXe siècle dont il a été l’interprète émérite : György Ligeti et Igor Stravinsky, le programme rassemble trois grands moments de la modernité musicale et chorégraphique : Le Sacre du Printemps dans la chorégraphie mythique de Pina Bausch, Polyphonia de Christopher Wheeldon inspiré par l’œuvre pianistique de Ligeti et la création du britannique Wayne McGregor et de l’artiste plasticien Haroon Mirza sur Anthèmes 2 de Boulez.
Wheeldon / McGregor / Bausch
En l’honneur de Pierre Boulez
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Du 3 au 31 décembre 2015
À l’Opéra national de Paris, Palais Garnier
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris
L’
Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Vello Pähn
Polyphonia
Musique György Ligeti Pièces pour piano
Chorégraphie Christopher Wheeldon
Piano Michel Dietlin, Ryoko Hisayama

Polyphonia de Christopher Wheeldon © Julien Benhamou/Onp
Premier ballet du chorégraphe Christopher Wheeldon à entrer au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris, Polyphonia, créé en 2001 sur la musique de György Ligeti, évoque la pureté géométrique, presque abstraite, toute en subtilité et délicats contrepoints. La technicité de la chorégraphie introduit le programme de la soirée par une touche un rien trop académique.
Alea Sands
Musique Pierre Boulez Anthèmes 2 pour violon et électronique
Chorégraphie Wayne McGregor
Scénographie Haroon Mirza
Violons Michael Barenboim, Hae-Sun Kang (en alternance)
Réalisation informatique musicale Ircam Andrew Gerzso, Gilbert Nouno

Alea Sands de Wayne McGregor © Julien Benhamou/Onp
Sur la partition d’Anthèmes 2, composée par Pierre Boulez en 1997, le chorégraphe britannique Wayne McGregor propose une nouvelle création, conçue avec l’artiste plasticien Haroon Mirza, lauréat du Lion d’argent à la Biennale de Venise en 2011.
Après Genus en 2007, puis L’Anatomie de la sensation (pour Francis Bacon) en 2011, c’est le troisième ballet spécialement créé par Wayne McGregor pour les danseurs de la compagnie, capable d’allier un solide vocabulaire classique aux dernières innovations technologiques.
L’électronique d’Anthèmes 2 enrichit et prolonge le son du violon, en particulier ses harmoniques, réalisant une extension temporelle de l’œuvre d’origine et la projetant dans un espace nouveau. La musique est démultipliée sur le plateau par la virtuosité humaine, les costumes graphiques et les jeux de lumières, l’ensemble composant un spectacle complet : cet enjeu concerne éminemment Wayne McGregor, chorégraphe féru d’intégration technologique.
Le Sacre du printemps
Musique Igor Stravinsky
Chorégraphie Pina Bausch

Le Sacre du Printemps, 2010, Opéra national de Paris © Sébastien Mathé/OnP
La chorégraphie légendaire de Pina Bausch est magnifiquement interprétée par le Ballet de l’Opéra de Paris. C’est une occasion inoubliable de pouvoir contempler ce ballet moderne et intense qui représente un rituel collectif mortuaire, la désignation d’un bouc-émissaire sacrifié, désignation d’autant plus symbolique qu’il s’agit d’une femme. Au rythme de la musique de Stravinsky, on contemple inlassablement ces corps se mouvoir sur la terre battue, piétinant, tourmentés, dépossédés. Les robes d’abord fluides, les corps au départ immaculés, sont au fur et à mesure tachés de boue, de sang, de sueur. La simplicité et les répétitions des motifs chorégraphiques donnent à la cérémonie lugubre une dimension étrangement envoûtante, appelant au recueillement. L’image de la liberté bafouée selon Pina Bausch résonne toujours autant avec l’actualité.