18 août 2014 Film

Winter Sleep

Justement récompensé de la Palme d’Or cette année à Cannes, le superbe film du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan saisit d’entrée par la beauté des paysages, l’assurance du regard posé sur la nature comme sur les hommes, la philosophie qui en émane rapidement, autant de raisons de céder trois heures de nos vacances d’été à ce conte d’hiver.

Un film de Nuri Bilge Ceylan
Sortie en salles en France le 6 août 2014

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Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan

L’histoire
Aydin, comédien à la retraite, tient un petit hôtel, l’Othello, en Anatolie centrale avec sa jeune épouse Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement, et sa sœur Necla qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements…

Fresque de la vie rurale
C’est dans ce lieu quasi-désertique et par les bouches des deux femmes qu’Aydin découvre peu à peu quel homme cynique, suffisant et humiliant il est aux yeux de ses proches. Riche propriétaire, Aydin fait fort peu cas des difficultés de ses locataires ; fier de ses activités intellectuelles, il dédaigne toute préoccupation matérielle ou humaine qui l’éloignerait de ses propres centres d’intérêt.
L’épisode de l’achat du cheval sauvage est frappant ; pour séduire un client de l’hôtel, il décide de se doter d’un cheval. Dans le même temps, il fuit les problèmes d’argent d’une famille dans le besoin. Peut-on acheter le regard et l’admiration d’autrui ? La capture du cheval sauvage, emblème de nature et de liberté, ne semble pas impressionner le client, et fait même plutôt « fuir » ce dernier, qui enfourche finalement son propre destrier – une moto – rappelant l’esprit libre de l’animal.

Un film à l’allure littéraire
On dirait du Tchekhov… Car nous sommes spectateurs d’une pièce de théâtre, celle du protagoniste : la plus grande faute d’Aydin est d’avoir considéré ses partenaires de vie comme les figurants d’une pièce écrite à sa gloire.
Mais nous sommes aussi lecteurs d’un roman fleuve : la durée nourrit les temps de contemplation, les dialogues se développent et s’étendent : entre l’homme et ses proches – notamment lors des deux grands affrontements du héros avec sa sœur, puis avec sa femme ; entre l’homme et sa conscience ; l’homme et ses pensées.
Le débit du récit ne faiblit pas une seule seconde et nous emporte dans ces réflexions sur la condition humaine, les faiblesses et la perfectibilité de l’être humain.

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